PROBLÉMATIQUE D'UNE TAXINOMIE EN VEXILLOLOGIE
par :
Phillip L. Nelson, Huntingtown, Maryland, États-Unis
Pierre Gay, Paris, France

Cette taxinomie se présente sous la forme d'un projet en cours. Tout commentaire concernant son amélioration est le bienvenu auprès de ses auteurs, Phil Nelson et Pierre Gay.

English version available at http://members.xoom.com/vex_issues/e-vex/taxex1.htm

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La vexillologie est une discipline qui traite d'objets évoluant notamment dans une dimension socio-historique, aussi il peut arriver fréquemment que les données que constate cette dimension entrent en contradiction avec l'analyse que l'on pourrait tirer d'une étude purement graphique ou héraldique des mêmes drapeaux. Les drapeaux sont des objets qui délivrent leurs messages de manière visuelle, et par conséquent cet aspect parait devoir être retenu en premier lieu lors qu'il s'agit d'en établir le classement, néanmoins les messages délivrés sont parallèlement porteurs de données invisibles, au sens propre, qui doivent aussi pouvoir être utilisées au sein d'un même classement.
Toute la difficulté de la mise au point d'une bonne taxinomie en vexillologie réside dans le choix de critères pertinents dans divers domaines et de leur organisation hiérarchique au sein d'une taxinomie unique.

Drapeau du Québec Bannière des évêques-comtes de Châlons
Le drapeau du Québec, adopté en 1948, est un drapeau inspiré du pavillon français du XVIIe siècle. À l'heure actuelle, il représente légalement la province administrative et géographique du Québec, qui est une subdivision de 1er niveau du Canada. Le Québec n'a aucun lien particulier avec les évêques-comtes de Châlons.

La bannière tirée des armes des évêques-comtes de Châlons date du XIe siècle. Elle représente les pouvoirs spirituels et temporels (croix et lys).


Deux drapeaux d'aspect identique, ou presque, se retrouvent logiquement proches dans un classement ou le critère de la composition graphique est prépondérant. Mais si le caractère géographique ou géoculturel est privilégié, il est probable que cela ne sera plus le cas. Dès lors, la question se pose : quels doivent être les critères retenus, de façon à rendre aisé et efficace l'emploi de notre classement.
OPTIONS DE CLASSEMENT
Nous avons choisi le drapeau de Nouvelle-Galles du Sud qui convient assez bien pour figurer en exemple.

A. Les codes multiples

Une première manière pourrait être l'attribution de codes multiples à un seul drapeau.

  • NSW considéré pour le motif du battant: A:4:2:L11-:1
  • NSW comme colonie britannique J:3:1:L11H:1
  • NSW comme État fédéré de l'Australie moderne J:3:2:L11-:1
Nous aurions donc trois codes différents pour le même drapeau de Nouvelle-Galles du Sud. Cela pourrait aussi revenir à considérer qu'il s'agit de deux drapeaux identiques, l'un étant celui de la colonie britannique, l'autre celui de l'État fédéré d'Australie moderne.

B. Le code unique

Une deuxième manière pourrait être la définition préalable d'une hiérarchie de critères de lecture : s'il est établi que

  • l'aspect général du drapeau est le premier retenu ;
  • l'aspect graphique en deuxième ;
  • l'aspect géographique en troisième ;
  • l'aspect historique en quatrième ;
  • et l'aspect utilitaire en cinquième,
nous définirions alors le drapeau de Nouvelle-Galles du Sud par le code unique qui suit:

J:3

L'aspect général dérive du pavillon bleu britannique, qui constitue une catégorie. La catégorie A:4 n'est pas retenue, car elle est plus étendue. Notre but étant de définir le drapeau au plus juste, cela nous conduit donc à lui préférer la catégorie J:3. 2 L'utilisation la plus récente est retenue au détriment de l'utilisation plus ancienne. Notre classement donne ainsi la priorité aux drapeaux que nous pouvons voir flotter dans le monde aujourd'hui: rien n'empêche par la suite d'en préciser le caractère historique. C'est donc le critère d'État fédéré d'Australie qui est retenu ici.  L11- et 1 A priori, ces aspects ne portent pas contradiction. On se contentera de qualifier l'utilisation du drapeau en fonction des deux premiers niveaux. Quant à l'origine du drapeau, elle est logiquement unique, quels que soient les critères précédemment retenus. Avec ce système, nous obtenons donc un code unique : NSW = J:3:2:L11-:1

C. Application

Si nous retenons le système exposé en A, le drapeau de Nouvelle-Galles du Sud apparait aux côtés de différents autres drapeaux, selon le code choisi :
(nous ignorons volontairement les autres États australiens pour les besoins cette démonstration.)


Drapeau de Nouvelle-Galles du Sud Drapeau de la Polynésie française
A42L11-1 peut s'appliquer à tous les drapeaux de subdivisions nationales de 1er niveau portant un motif de nature sigillographique.

Drapeau de Nouvelle-Galles du Sud Drapeau du Honduras britannique
J31L11H1 peut s'appliquer à l'ensemble des anciennes colonies britanniques ayant utilisé le Pavillon bleu britannique. Ici, le drapeau de Nouvelle-Galles du Sud côtoie celui du Honduras britannique.

Drapeau de Nouvelle-Galles du Sud Drapeau des îles Malouines
J32L11-1 s'applique à l'ensemble des subdivisions nationales de 1er niveau inclus dans des fédérations, qui emploient des variantes du Pavillon bleu britannique aujourd'hui. Le drapeau de Nouvelle-Galles du Sud y côtoie donc ceux des territoires d'Outre-mer britanniques, considérés comme subdivisions du Royaume-Uni, comme celui des îles Malouines.

Si nous retenons le système exposé en B, c'est ce dernier classement qui prévaudra exclusivement.


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© Phillip Nelson & Pierre Gay 1999